17 janvier 2025
Quand j’étais à l’université en France, nous passions des nuits entières au Cinématographe, cinéma d’art et essai à côté du château des ducs de Bretagne à Nantes. C’est là qu’à dix-neuf ans, aux alentours de minuit, l’image d’une cigarette allumée en hyper gros plan m’a foudroyée sur mon fauteuil de velours rouge. Le visuel, comme un uppercut, épousait le son de la flamme, du papier et du bois de l’allumette se consumant, alors que la cendre s’allongeait dans l’aspiration un peu humide de lèvres que l’on devinait hors-champs. Suprême sensualité. Cette image de "Sailor et Lula" (Wild at Heart) est aujourd’hui encore ancrée dans ma mémoire corporelle. Personne ne filmait comme ça ! Atmosphère trouble, onirique, dérangeante, surréaliste. Mélange permanent de familier et d'inquiétant. Contrastes, intimité, bande-son hypnotique ou discordante. On n’avait jamais vu ça. Pour l’époque c’était intense, violent, poétique, passionné, hyper créatif, ultra moderne, ça vous prenait aux tripes. Lynch, avec Tarantino et Almodovar, ont révolutionné la façon de filmer et de raconter une histoire. Le cinéma d’aujourd’hui leur doit énormément. Ce cinéma novateur a nourri l'imaginaire américain de bien des Européens, dont je fais partie... Tchao l’artiste, merci pour les émerveillements. Tu vas manquer…

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